Comprendre l’épidémie des coups d’État en Afrique 

coups d’État

L’Afrique a connu ces dernières années une recrudescence des coups d’État militaires, qui ont renversé des régimes civils ou militaires au pouvoir. Parmi les pays touchés, on peut citer le Niger, le Mali, le Burkina Faso et la Guinée, qui ont tous subi au moins deux coups d’État depuis 2010. Cet article analyse les causes de ces putschs, leurs conséquences socio-politiques à long terme et les mesures de lutte contre ce phénomène.

Les causes des coups d’État à répétition

Les coups d’État en Afrique ont des causes multiples et variées, qui dépendent du contexte politique, économique, social et sécuritaire de chaque pays. Toutefois, on peut identifier quelques facteurs communs qui favorisent l’émergence de ces crises :

  • La faiblesse des institutions démocratiques : plusieurs pays africains souffrent d’un déficit de légitimité et de représentativité de leurs institutions politiques, qui sont souvent marquées par la corruption, le clientélisme, le népotisme, le tribalisme ou le régionalisme. Les élections sont souvent entachées de fraudes, de violences ou de contestations. Les constitutions sont souvent modifiées pour permettre aux dirigeants de se maintenir au pouvoir au-delà des limites légales. Les contre-pouvoirs, tels que le parlement, la justice ou la société civile, sont souvent affaiblis ou muselés. Ces facteurs créent un climat de méfiance et de frustration au sein de la population et des forces armées, qui peuvent être tentées de recourir à la force pour changer le statu quo.
  • La détérioration de la situation économique et sociale : plusieurs pays africains font face à des difficultés économiques et sociales, aggravées par la crise sanitaire liée à la pandémie de Covid-19. Le chômage, la pauvreté, les inégalités, l’insécurité alimentaire et la précarité sont autant de problèmes qui affectent une large partie de la population, notamment les jeunes. Ces problèmes sont souvent exacerbés par la mauvaise gestion des ressources naturelles, l’évasion fiscale, le pillage des biens publics ou encore l’endettement extérieur. Ces problèmes génèrent un sentiment d’injustice et de colère au sein de la population et des forces armées, qui peuvent être tentés de recourir à la force pour réclamer un changement.
  • La menace sécuritaire : plusieurs pays africains sont confrontés à des menaces sécuritaires internes ou externes, qui mettent en péril leur stabilité et leur intégrité territoriale. Ces menaces peuvent prendre la forme de groupes armés rebelles, de mouvements séparatistes, de groupes terroristes ou encore de conflits intercommunautaires. Ces menaces sont souvent liées à des revendications politiques, économiques, sociales ou identitaires. Ces menaces créent un climat d’insécurité et de peur au sein de la population et des forces armées, qui peuvent être tentés de recourir à la force pour restaurer l’ordre.

Les conséquences des prises de pouvoir par la force en Afrique

Les coups d’État en Afrique ont des conséquences négatives sur le plan socio-politique à long terme. Parmi ces conséquences, on peut citer :

  • La violation de l’ordre constitutionnel : les coups d’État constituent une rupture du contrat social entre les gouvernants et les gouvernés, fondé sur le respect de la constitution et des lois. Les coups d’État portent atteinte aux principes démocratiques tels que la séparation des pouvoirs, l’état de droit, les droits humains ou encore le pluralisme politique. Les coups d’État entraînent souvent la suspension ou la dissolution des institutions élues ou nommées légalement, telles que le président, le gouvernement, le parlement ou la cour constitutionnelle. Les coups d’État instaurent souvent un régime autoritaire ou militaire, qui impose sa volonté par la force, la répression ou la censure.
  • La dégradation de la situation économique et sociale : les coups d’État ont un impact négatif sur la situation économique et sociale des pays concernés. Les coups d’État provoquent souvent une instabilité politique et sécuritaire, qui décourage les investissements, le commerce, le tourisme ou encore l’aide au développement. Les coups d’État entraînent souvent une détérioration des indicateurs macroéconomiques, tels que la croissance, l’inflation, le déficit budgétaire ou encore la dette publique. Les coups d’État entraînent souvent une aggravation des problèmes sociaux, tels que le chômage, la pauvreté, les inégalités, l’insécurité alimentaire ou encore la précarité.
  • La fragilisation de la cohésion nationale : les coups d’État ont un impact négatif sur la cohésion nationale des pays concernés. Les coups d’État créent souvent une polarisation et une division au sein de la population et des forces armées, entre les partisans et les opposants au régime en place. Les coups d’État peuvent aussi exacerber les tensions et les conflits entre les différentes composantes de la société, qu’elles soient politiques, ethniques, religieuses ou régionales. Les coups d’État peuvent aussi compromettre le processus de réconciliation nationale et de justice transitionnelle, en cas de violations des droits humains commises par le régime renversé ou par le régime putschiste.

Un réel besoin d’éradiquer les putschs sur le continent africain

Les mesures de lutte contre les coups d’État en Afrique sont multiples et variées, impliquant différents acteurs aux niveaux national, régional et international. Parmi ces mesures, on peut citer :

  • La prévention des crises : il s’agit d’anticiper et de prévenir les facteurs susceptibles de déclencher des coups d’État, en renforçant les institutions démocratiques, en améliorant la situation économique et sociale, en assurant la sécurité et en favorisant le dialogue entre les différents acteurs. Cette prévention implique une action concertée entre le gouvernement, l’opposition, la société civile, les forces armées, les médias, les organisations religieuses ou encore les leaders traditionnels.
  • La condamnation des coups d’État : il s’agit de dénoncer et de rejeter toute tentative de prise de pouvoir par la force, en affirmant le principe du respect de l’ordre constitutionnel et du choix du peuple. Cette condamnation implique une action coordonnée entre les organisations régionales (Union africaine, Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest, etc.), les organisations internationales (Nations unies, Union européenne, etc.), les partenaires bilatéraux (France, États-Unis, etc.) ou encore les organisations non gouvernementales (Amnesty International, Human Rights Watch, etc.).
  • La sanction des coups d’État : il s’agit d’imposer des mesures dissuasives et coercitives à l’encontre des auteurs des coups d’État, en vue de rétablir l’ordre constitutionnel et le processus démocratique. Ces sanctions peuvent prendre la forme de sanctions politiques (suspension ou exclusion des organisations régionales ou internationales), de sanctions économiques (gel des avoirs, suspension ou annulation de l’aide au développement), de sanctions militaires (embargo sur les armes, menace ou recours à la force) ou encore de sanctions judiciaires (poursuites devant les juridictions nationales ou internationales).
  • L’accompagnement des transitions : il s’agit d’appuyer et de soutenir les processus visant à restaurer la démocratie et l’état de droit dans les pays ayant subi des coups d’État, en vue d’une sortie de crise pacifique et durable. Cet accompagnement peut prendre la forme d’un appui politique (médiation, facilitation du dialogue), d’un appui technique (assistance électorale, réforme constitutionnelle), d’un appui financier (reprise ou augmentation de l’aide au développement), d’un appui sécuritaire (désarmement, démobilisation et réintégration des combattants).

Face à cette montée en puissance des putschs en Afrique de l’Ouest et notamment au Sahel, de nombreux pays d’Afrique comme le Cameroun craignent de voir l’épidémie s’étendre sur leur sol. L’actuatité au Cameroun fait d’ailleurs état d’une insécurité grandissante dans sa partie sahélienne de l’Extrême-Nord avec la secte islamique Boko Haram qui y sévit. 

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